Bruxelles - La redynamisation du quartier du centre-ville se poursuit La renaissance des Chartreux
Le Soir /LAMQUIN,VERONIQUE
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Mercredi 7 avril 2004
Bruxelles - La redynamisation du quartier du centre-ville se poursuit
La renaissance des Chartreux
* 20.000 des 35.000 mètres carrés du site aménagés en logements. C'est tout un îlot qui sera rendu aux habitants disposant d'un certain niveau de revenus.
VÉRONIQUE LAMQUIN
J'ouvre aujourd'hui, confirme, dans un grand sourire, Patricia. La jeune femme a quitté son boulot - je m'embêtais dans mon bureau - pour ouvrir un magasin de fleurs, rue des Chartreux. Je connais le quartier pour y zoner de temps en temps. J'ai eu envie de m'installer ici : il y a une bonne ambiance et beaucoup d'esprits créatifs s'y sont installés.
Exemple parmi d'autres de l'attractivité d'une artère qui a aujourd'hui résolument tourné le dos aux tristes années 80. La preuve, s'il en est encore besoin, par l'impressionnant chantier qui trouble pour l'heure la sérénité du quartier. De la rue du Vieux Marché aux Grains à celle du Boulet en passant par les rues des Chartreux et de la Braie, c'est tout un îlot qui est envahi par les entrepreneurs.
A la barre de cette spectaculaire entreprise, l'architecte Yves Laurant, du bureau Urban Associate. Le projet, développé par deux investisseurs - la société Sofidev de la famille Josi et la société Rova de Jean-Pierre Dupret - fait la part belle au logement. Sur les 35.000 mètres carrés du site, quelque 20.000 sont en effet réservés à des habitations. Il y en aura pour tous les goûts : maisons unifamiliales, appartements de une à quatre chambres et une quinzaine de lofts. Mais pas pour toutes les bourses puisque les prix dépassent les 2.000 euros le mètre carré - soit entre 250.000 et 425.000 euros pour l'un des logements en cours de construction. Mais il y aura moins cher rue du Boulet, dans l'ensemble de maisons que nous rénovons, insiste Yves Laurant.
Le projet, baptisé Clos des Chartreux, s'articule en effet autour de différents pôles. Un premier, à front de la rue du Boulet (face à l'immeuble Parthena), prévoit la rénovation du bâti existant. Nous revendons une fois le gros oeuvre terminé, à charge pour les acheteurs d'assurer les finitions.
Parallèlement à ces habitations, une ruelle sera aménagée, qui desservira un immeuble de bureaux (5.000 m2). Au centre du terrain sera aménagé un vaste espace vert au coeur duquel sera dessiné un plan d'eau. A la demande des futurs occupants - NDLR 70 % des biens sont déjà achetés ou réservés - nous construirons aussi une piscine. L'immeuble de lofts sera également planté au centre du site. A front des rues des Chartreux et du Vieux Marché aux Grains, des logements seront également construits, notamment dans l'ancien bâtiment de la firme de dépannage Radar (dont la façade sera préservée).
En signant les plans de ce vaste ensemble, Yves Laurant ainsi, d'ailleurs, que Jean-Pierre Dupret poursuivent un travail entamé voici quinze ans. Nous avons vécu la chute du quartier jusqu'en 1985, se souvient l'investisseur qui possédait les immeubles aujourd'hui rénovés dans l'îlot situé, face à Radar, rues du Vieux Marché aux Grains et des Chartreux. Nous nous sommes dit que l'environnement était dans un tel état qu'il ne pouvait pas descendre plus bas, explique Jean-Pierre Dupret. Et puis, fin des années 80, d'autres que nous, investisseurs privés et pouvoirs publics, ont commencé à y croire, rue Dansaert, place Saint-Géry. Un coup de pied dans la fourmilière, ça ne se donne pas tout seul.
Un avis entièrement partagé par Yves Laurant, qui s'est pris d'affection pour le quartier au point d'y travailler et vivre. J'ai toujours beaucoup travaillé sur la politique des villes, la typologie des quartiers. C'est ainsi que, lorsque Jean-Pierre Dupret lui demande de rénover les 23 - 25 rue des Chartreux (le défunt musée Album), il le convainc de s'attaquer plutôt... à l'ensemble du bloc. Et aujourd'hui, alors que le Clos des Chartreux vient à peine de sortir de terre, l'architecte planche déjà sur un nouveau projet, rue de la Senne.·